Ergo Proxy

Ergo Proxy
Le terme "psychologique" est ici retranscrit sous forme d'hallucinations ou d'images subliminales venant triturer l'esprit de nos héros. Parfois, il est difficile de faire la différence entre imagination et réalité (du moins dans un premier temps car après quelques épisodes on y voit plus clair). Ces passages de transition sont donc indispensables pour faire la lumière sur tout un fatras de zones d'ombre, postérieurement. Et quand bien même le développement de l'histoire reste tarabiscoté le plus souvent, c'est dans ce principe qu'il puise toute sa force. Notamment grâce à une mise en scène irréprochable. Presque tous les personnages principaux, pour ainsi dire, ont un rôle important à jouer et les intérêts des uns peuvent nuire à ceux des autres, voire inversement.

Au milieu de cet univers mature il y a Re-l Mayer, inspectrice affiliée au bureau civil du renseignement, qui semble être la personne la plus humaine de toutes celles résidant à Romdo, du moins au début. Si la vie à Romdo lui apparaît insipide au possible, la jeune femme ne mettra pas longtemps à faire le lien entre plusieurs faits concomitants et à subodorer la duplicité qui se cache derrière le gouvernement de Romdo. Pour ne pas sombrer dans le désœuvrement, elle va s'investir dans son enquête qui va alors se transformer en véritable voyage en quête de réponses suite aux obscures évènements survenus qui font que l'histoire démarre en trombe. Re-l est un personnage attachant et très travaillé, tant dans sa gestuelle et ses expressions qui s'adaptent aisément à toutes les circonstances que dans son intuition et son humeur. Bien qu'au premier abord elle paraisse dénuée de sentiments, sa psychologie va évoluer davantage à partir du moment où elle rencontre Vincent Law, immigré originaire de Mosque, l'autre personnage principal venant renforcer l'aura de suspense déjà fort présente dans le premier épisode. Étant intriguée par le mystère qui habite Vincent, Re-l va tout mettre en oeuvre pour savoir qui il est vraiment, et pourquoi Vincent a le chic pour s'attirer et provoquer des ennuis partout où il passe.
Vincent sera tourmenté par ses démons intérieurs à mesure qu'il progressera dans son aventure contre vents et marées pour retrouver la mémoire, et faire la lumière sur ses origines.

Malgré des débuts difficiles, une connivence va s'établir entre les deux jeunes gens. Les actions de l'un auront des répercussions sur l'autre, et réciproquement, faisant que le duo se complète. Pino quant à elle incarne l'image parfaite de la fillette douce et curieuse de connaître le monde extérieur. La jeune fille androïde, bien qu'elle soit à la recherche de son papa, accompagne de bon gré Vincent et Re-l dans leur voyage. Dotée d'un sens aigu de l'intuition, Pino s'avère être d'une aide précieuse pour guider ses compagnons et elle peut même distinguer le vrai du faux dans certaines situations. Deadalus et Raul viennent apporter leurs parts d'intérêt pour faire naître quelques rebondissements, et plus encore si leurs idéaux divergent. Même les autoreivs (notamment Iggy et Kristeva), par défaut dépourvus de conscience, vont un peu évoluer au fil du temps et des évènements, le virus Cogito les dotant de conscience propre. Phénomène qui se manifestera selon le principe de la phrase célèbre du philosophe René Descartes: "Je pense, donc je suis" (issu du latin "Cogito ergo sum"). Cette citation intervient de temps en temps dans des moments précis de l'intrigue. Encore une fois, l'animé évoque la philosophie dans toute sa splendeur.

Néanmoins, le scénario, aussi abouti soit-il, n'est pas exempt de défauts. Et pour cause, il arrive qu'il y ait des longueurs inutiles dans certains épisodes. Pour ne rien arranger, il y a deux épisodes complètement hors sujet qui, concrètement, n'apportent rien si ce n'est une parcelle de données sur l'univers d'Ergo Proxy mais sans faire avancer le scénario. Le bon coté, c'est que l'humour et l'originalité sont au rendez-vous. Mais originalité ne rime pas toujours avec qualité. Mis à part ces défauts, l'histoire reste bien maîtrisée, on se pose plus de questions qu'on ne trouve de réponses au fil de son évolution. Les derniers épisodes sont une avalanche de révélations qui répondent aux interrogations des passages incohérents de la trame.

Une petite particularité pour finir sur le développement... Le titre de chaque épisode est précédé par son numéro en chiffres romains ainsi que le terme "Meditation". Ce mot n'est pas choisi au hasard car la formulation du titre convient tout à fait au déroulement des évènements de chaque épisode tout en apportant une part de réflexion. À l'origine, les titres sont écrits la plupart du temps en anglais, mais certains sont écrits en latin et en de rares occasions, en hébreux et en grégorien.

Chara-Design/Dessin

Les physionomies qu'arborent les personnages ne sont ni trop détaillées ni trop simplistes, un juste équilibre entre formes carrées et arrondies, tandis que leurs silhouettes restent plutôt fluettes (il y a quelques défauts de taille mais cela reste rare).

Le chara-design de Naoyuki Onda est assez ressemblant à celui de Which Hunter Robin, même ce n'est pas le même chara-designer dans ce dernier.

Les couleurs en général sont ternes et froides. Ce constat se retrouve autant chez les personnages que dans les décors, quoique les arrières-plans, même s'il y règne une certaine vacuité (particulièrement en ce qui concerne les zones urbaines) offrent parfois de jolis effets de coloration et d'horizon flou. C'est d'autant plus vrai en milieu naturel (on a l'impression de voir un univers apocalyptique durant le voyage de Re-l, Vincent et Pino). L'animation est plutôt réussie dans l'ensemble, sans être trop fluide, parfois c'est un petit peu lent mais rien de vraiment dérangeant. Et on a même droit par moment à de jolis effets 3D qui se mêlent à de la 2D traditionnelle. L'univers d'Ergo Proxy présente aussi des véhicules (l'un des plus intéressants est une sorte de voilier qui se déplace en lévitant au moyen de la force éolienne), dont le design rappelle vaguement des inventions mentionnées dans les romans de Jules Vernes.

Musiques

L'Original Sound Track n'a pas son pareil pour rendre l'oeuvre plus qu'immersive. La bande-son aboutit vers des sonorités tantôt electro, tantôt mystiques, qui renforcent l'aura gothique qui s'en dégage de temps à autre. La musique évolue petit à petit, aiguise les sens, marquant quelquefois le point d'orgue pour intensifier le sentiment de suspense et de tension, et reprendre de plus belle, tout en s'accordant à chaque instant de l'aventure. On reste captivé tout le long et même si certaines pistes ont l'air de se ressembler un peu, il y en a bien plus qu'il n'y paraît. Il arrive que les musiques et les hymnes adoptent un ton religieux pour conférer une identité propre à l'ambiance, grâce à des échos s'inspirant fortement du chant grégorien. Vous l'aurez compris, l'OST d'Ergo Proxy est d'une grande profondeur.

Opening & ending

  • L'opening s'appelle "Kiri", et est chanté par le groupe de J-Rock MONORAL. Cette chanson contient peu de paroles mais celles-ci concordent avec le contexte traité dans Ergo Proxy.


Sur le plan visuel, viennent s'ajouter de belles fresques et écritures en latin qui agrémentent la flopée d'images derrière un filtre kitsch, mais qui sied à merveille au générique. L'opening envoûte et transmet beaucoup de frissons. Une pure merveille !

  • L'ending "Paranoid Android" est interprété par le groupe de Rock anglais, Radiohead. Les paroles font vaguement référence aux effets du Cogito sur les autoreivs. Ce thème de fin peu engageant est plutôt ennuyeux. Globalement, c'est un peu mélancolique et torturé mais sans saveur. L'animation visuelle ne change pas vraiment (une brume pourpre qui lévite avec de drôles d'effets de nuance), tandis que les crédits défilent obliquement.

Doublages

  • Voix françaises: On retrouve les voix de certaines personnes ayant doublé des personnages de séries cultes telles que Ghost in the Shell, Cowboy Beebop, Hellsing ou Monster. Le doublage dans son ensemble reste correct et approprié aux traits de caractère des protagonistes. Au départ, on a un peu de mal à s'y faire mais on s'y habitue rapidement par la suite. Notons que Deadalus est doublé par une femme (que ce soit en VF ou VO). Les voix des autoreivs sont, le plus souvent, horripilantes à entendre (surtout celle d'Iggy).

  • Voix japonaises: Ici, les intonations sont radicalement différentes mais restent plus adaptées à leurs personnages, comme il est bien souvent le cas avec les VO. Les seiyuu ont déjà travaillé sur des oeuvres comme Elfen Lied, Blood+ ou RahXephon. Il est un peu plus facile de s'attacher aux personnages avec leurs voix japonaises.

Trailer


Ergo Proxy est ce que l'on pourrait désigner comme un monument de la japanimation, principalement si l'on tient compte des nombreuses notions philosophiques qu'il reprend et remodèle parfois. Rares sont les animés bénéficiant d'un scénario aussi riche, orchestré par des personnages, tous plus travaillés les uns que les autres. La trame est comme un puzzle à reconstituer mais pour parvenir à encastrer toutes les pièces, il est recommandé de visionner au moins deux fois la série à cause de sa complexité scénaristique. L'histoire en elle-même est drôlement bien imaginée et plutôt bien ficelée mais elle aurait gagné en dynamisme en s'épargnant quelques longueurs et hors sujets inutiles. Un format de 19 ou 20 épisodes aurait suffi. C'est le revers de la médaille de ce récit obscur.
Tel un OVNI dans l'univers de la japanimation, Ergo Proxy parvient à se hisser au panthéon des animés les plus insolites et fascinants. Vous aimez ce qui touche au fantastique, à la philosophie, ainsi que les histoires qui incitent à la réflexion ? Dans ce cas, je vous invite à regarder Ergo Proxy pour vous plonger dans un voyage hors du commun qui mérite amplement le détour.
, le 02.06.2012

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Titre original Ergo Proxy
1ère parution
Genre(s) Drame, Fantastique & Mythe, Historique
Épisode(s) 23
Auteur(s)
Statut Licencié par Dybex
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